Le FTDES: L'UE a transféré la crise des migrants aux pays de transit
Le porte-parole du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux, Romadhan Ben Amor, a qualifié la situation des migrants irréguliers en Tunisie de "très grave", soulignant que plusieurs facteurs, dont les politiques imposées par l'Union européenne, ont conduit à l'aggravation de cette crise.
Il a expliqué que l'État tunisien a pris la décision de transporter les migrants vers des zones isolées, comme les forêts d'oliviers et les exploitations privées à El Amra, dans le gouvernorat de Sfax, pour vider les villes de cette population. "L'État a assuré le transport des migrants, créant ainsi une séparation entre eux et le reste de la population, ce qui a engendré un conflit avec la communauté locale", a-t-il ajouté.
Ben Amor a, également, exprimé sa solidarité avec les Tunisiens affectés par les actes de violence dans leurs exploitations, affirmant que "l'État en porte l'entière responsabilité". "Nous ne justifions ni ne tolérons la violence", a-t-il insisté.
Il a ensuite critiqué l'inaction de l'État face à la montée des propos de haine, porté par certains citoyens et politiciens. Selon lui, ce discours, qui trouve un terrain favorable sur les réseaux sociaux, est utilisé à des fins politiques, car il aide certains à recueillir des voix lors de futures élections. "Les responsables qui alimentent ce discours savent très bien qu'il leur permet d'atteindre leurs objectifs politiques", a-t-il souligné.
Ben Amor a, également, dénoncé la manipulation des informations sur les réseaux sociaux, qui vise à détourner l'attention du public des véritables enjeux. "L'objectif est de détourner l'opinion publique des vrais problèmes", a-t-il déclaré.
En ce qui concerne la coopération entre la Tunisie et l'Italie, Ben Amor a estimé qu'elle se concentre principalement sur la question de la migration irrégulière, les autres points du Protocole d'accord n'étant que "maquillage", affirmant que l'Union européenne se réjouit de la réduction du nombre de migrants arrivant sur son sol, puisqu'elle a réussi à transférer sa crise vers les pays de transit, comme la Tunisie, la Libye et la Mauritanie.
Enfin, Ben Amor a critiqué l'approche de la coopération avec l'Union européenne, qui ne respecte pas le principe de "l'échange de libertés" et adopte une approche unilatérale, réservée uniquement à l'élite (diplomates, politiciens, etc.). Il a conclu en appelant la Tunisie à adopter une approche plus humaine dans ce dossier et à exiger de l'Union européenne la mise en place de voies de transit sûres pour les migrants.