Adel Ben Youssef: Nous souffrons d’illettrisme numérique en Tunisie

L'universitaire Adel Ben Youssef était l'invité de Midi Show, ce lundi, pour parler du bilan d'une étude relative à l'impact de la transformation digitale sur la transition démocratique en Tunisie, qui vient d'être publiée par le bureau de l'Organisation "Democracy Reporting International Tunisia".

Il a déclaré que l'étude a démontré que la transformation numérique en Tunisie se divise en deux périodes : La première, entre 2011 et 2020, durant laquelle les technologies et les informations étaient simplifiées, accessibles et faciles d’utilisation. La seconde, entre 2020 et 2025, au cours de laquelle les informations sont devenues plus développées, grâce à l’intelligence artificielle, mais la fiabilité de l’information n’est plus assurée.

Ben Youssef a souligné que les Tunisiens se sont tournés vers l’espace virtuel pour interagir et consulter davantage d’informations, durant une période où les plateformes étaient ouvertes et où même les décisions gouvernementales ainsi que les activités des ministères et des administrations étaient accessibles sur les réseaux sociaux.

"Cependant, la fiabilité de l’information est devenue douteuse, surtout pendant la période post-covid", a-t-il expliqué.

Par ailleurs, Adel Ben Youssef a fait savoir que l’approche des institutions gouvernementales et des acteurs envers la transformation numérique n’a pas mis fin aux pratiques administratives basées sur le papier.

Il a révélé que, sur 3200 interactions entre l’administration et les citoyens, seules 120 ont été réalisées de manière numérique, ce qui entraîne, selon lui, des milliers d’heures perdues pour l’économie tunisienne.

Il a également souligné la nécessité d’une volonté politique forte dans tous les secteurs pour rompre avec les procédures papier et adopter pleinement le numérique.

Pour l'invité de Midi Show, il est nécessaire de disposer d’un cadre juridique qui protège et régule le processus de numérisation, afin qu’il soit en adéquation avec les évolutions technologiques (comme l’usage de l’intelligence artificielle ou des drones).

Il a, également, reconnu que le taux d’illettrisme numérique en Tunisie est bien plus élevé que celui de l’analphabétisme, récemment publié par l’Institut national de la statistique.