Enseignement privé : Dialogue rompu avec le ministère
Le président de la Chambre syndicale des établissements d’enseignement privé, Zouhair Mechergui, a exprimé, à Mosaïque FM, son étonnement face à l’absence de représentants du département à la table de dialogue avec le ministère de l’Éducation.
Mechergui a indiqué que la Chambre a adressé de nombreuses correspondances à l’autorité de tutelle, sans jamais recevoir de réponse, estimant que le secteur de l’éducation en Tunisie souffre essentiellement d’un manque de vision; ce qui se répercute également sur l’enseignement privé. Ce dernier assure entre 30 000 et 50 000 emplois directs et près de 50 000 emplois indirects.
Concernant la législation, le président de la Chambre a rappelé qu’en partenariat avec le ministère de l’Éducation, une version avancée d’un projet de loi avait été élaborée, il y a environ six ans. Ce texte prenait en considération à la fois la vision des professionnels et celle du ministère et répondait, en grande partie, aux besoins du secteur. Pourtant, il n’a jamais été mis en œuvre.
Il a souligné que l'enseignement est régi par un décret gouvernemental datant de 2008, mais que le problème réside dans le non-respect de ce décret par l’autorité de tutelle, qui publie, au contraire, des décisions variables d’une année à l’autre. Selon lui, le ministère de l’Éducation n’a délivré aucun agrément à de nouveaux établissements privés, au cours de l’année écoulée ni de cette année, sans fournir de raisons.
L'interlocuteur a, également, évoqué les difficultés liées à l’organisation du secteur de l’enseignement privé, citant par exemple la condition imposant à tout propriétaire d'établissement de ne pas fonder plus d’une école, soit primaire avec collège, soit collège avec lycée.
Il s’est, également, étonné de la politique imposant un contenu pédagogique déterminé, qui interdit l’enseignement en français ou en anglais, dès la première année du primaire, considérant que cette décision contredit les objectifs mêmes des écoles privées, à savoir apporter une réelle valeur ajoutée aux élèves.
Il a enfin jugé trop restrictives certaines conditions de sélection des directeurs d’établissement, comme l’exigence d’une expérience de cinq ans ou encore l’interdiction faite aux retraités d’occuper ce poste. Selon lui, la mise en valeur de l’initiative privée pourrait résoudre ce problème.
Le deuxième enjeu que Mechergui a appelé à revoir et qu’il considère comme la clé de toute réforme éducative, est la détermination d’une langue d’enseignement à travers toutes les étapes du système éducatif, primaire, collège et lycée. L’absence d’une telle cohérence a, selon lui, un impact négatif sur la compréhension des élèves et explique leur baisse de performance aux examens nationaux, notamment dans les filières scientifiques.