L’Uruguay...premier pays d’Amérique latine à légaliser l’euthanasie
Après des années de débats parlementaires et de controverses, l’Uruguay a franchi une étape historique. Le Sénat a adopté, mercredi 15 octobre, la loi sur la fin de vie intitulée « Mort digne », autorisant l’euthanasie dans certaines conditions strictes. Le texte a été approuvé à une large majorité — 20 voix sur 31 parlementaires présents —, consacrant l’aboutissement d’un long processus législatif amorcé il y a plusieurs années.
Une décision historique dans la région
Avec cette loi, l’Uruguay rejoint un cercle encore très restreint de pays reconnaissant la mort médicalement assistée, parmi lesquels figurent le Canada, les Pays-Bas et l’Espagne. En Amérique latine, seuls la Colombie, qui a dépénalisé l’euthanasie dès 1997, et l’Équateur, depuis 2024, avaient déjà franchi ce cap.
Un vote applaudi… et contesté
L’adoption du texte a provoqué des réactions contrastées dans l’hémicycle. Si la majorité de gauche au pouvoir a salué un « progrès humaniste », quelques dizaines de personnes présentes dans la tribune ont exprimé leur colère en scandant « Assassins ! ».
Le Collège médical d’Uruguay, bien qu’il n’ait pas pris de position officielle, a accompagné les discussions parlementaires afin de garantir « la sécurité juridique et éthique des médecins comme des patients », a précisé son président, Álvaro Niggemeyer.
L’Église catholique, quant à elle, a exprimé sa « profonde tristesse » face à l’adoption du texte, appelant à défendre « la vie en toutes circonstances ». Plusieurs associations civiles avaient également rejeté le projet, le jugeant « imprécis et dangereux ».
Des critères stricts d’accès
La nouvelle législation encadre de manière rigoureuse le recours à l’euthanasie. Elle s’adresse uniquement aux personnes majeures, citoyennes ou résidentes du pays, en pleine possession de leurs facultés mentales, souffrant d’une maladie incurable ou provoquant des souffrances jugées insupportables et irréversibles. Le patient devra exprimer sa volonté par écrit après plusieurs entretiens médicaux et étapes préalables.
Un large soutien de la population
Selon un sondage publié en mai par l’institut Cifra, plus de 60 % des Uruguayens se déclarent favorables à la légalisation de l’euthanasie, tandis que 24 % y sont opposés.
Avec ce vote, l’Uruguay s’impose comme un pionnier régional dans le domaine de la fin de vie, affirmant une nouvelle fois son image de pays progressiste sur les questions de société.