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De Quelle puissance balistique dispose l'Iran?

Malgré les sanctions internationales, l'Iran a démarré il y a près de 40 ans son programme balistique.
L'Iran dispose en effet d'un vaste arsenal de missiles de différentes portées -courte (300 kilomètres), moyenne (300-1.000) et longue (jusqu'à 2.000)- dont une importante proportion est produite ou assemblée localement grâce un secteur industriel et universitaire de haut niveau.
"Il se passe rarement une année sans une annonce iranienne du développement d'un nouveau type de missiles de croisière ou balistique", souligne Eva Koulouriotis, experte indépendante.
Au fur et à mesure ont été développés des missiles à combustible solide, "plus faciles à stocker et bien plus rapides à mettre en action (...) donc plus utiles tactiquement", relève pour sa part Jeremy Binnie, de la société de renseignement privée britannique Janes.

"Les Iraniens ont porté la technologie des scuds, depuis la portée de 300 kilomètres des missiles reçus dans les années 80, jusqu'à 1.600 kilomètres et plus", ajoute-t-il à l'AFP, évoquant aussi "de bien meilleurs systèmes de guidage permettant des corrections de trajectoires".
La guerre Iran-Irak (1980-1988) a marqué un tournant pour Téhéran, qui a notamment acquis des missiles scud-B russes pour répondre aux frappes de Saddam Hussein.
"Cette expérience a laissé une impression durable sur les responsables iraniens qui en ont conclu que les missiles étaient un moyen de riposte efficace et un élément vital de leur défense", résume John Krzyzaniak, du Wisconsin project on Nuclear arms control.
Les investissements ont été d'autant plus importants qu'ils compensent les faiblesses de sa flotte aérienne.
L'Iran "n'a pas été capable de rénover ses chasseurs ces dernières décennies et a compensé en construisant des missiles", ajoute l'expert.
Farzan Sabet, du Geneva Graduate Institute, souligne pour l'AFP que "le stock original de missiles balistiques de l'Iran a été fourni par la Libye, la Syrie et la Corée du Nord". Téhéran s'est tourné aussi vers l'Union soviétique puis la Russie, avant d'acquérir une réelle autonomie.
Aujourd'hui, "l'apport extérieur (...) n'est pas très clair mais il s'agirait plus de composants que de conception et développement complets", estime Jeremy Binnie.
Parallèlement, leurs missiles "utilisent probablement des composants sur étagères, tant les Iraniens savent intégrer des produits commerciaux" dans leurs armements. Et ce, malgré les sanctions internationales notamment américaines, qui auront eu le mérite de ralentir le programme et d'en augmenter le coût, mais pas de l'annihiler, confirment les analystes.
Comme souvent dans ce domaine, les stocks iraniens sont inconnus mais les experts les jugent pléthoriques, qu'ils soient aux mains de l'armée, du Corps des Gardiens de la révolution, ou des différents alliés de l'Iran dans la région, depuis le Hezbollah libanais jusqu'aux rebelles Houthis du Yémen.
L'estimation précise est quasi impossible, même en Iran seul, selon Eva Koulouriotis. L'armée et les Gardiens de la révolution "ont leurs propres usines et entrepôts distincts", justifie-t-elle. Des sources arabes et occidentales "font état de quelque 60.000 missiles mais selon moi, le chiffre est bien plus élevé et pourrait atteindre les 200.000" unités.