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Mahmoud Yaakoub : 'Les crimes financiers se règlent par l’argent'

Dans le cadre du suivi du dossier de la réconciliation pénale en Tunisie et de l’état d’avancement des travaux de la Commission nationale concernée, l’avocat et professeur universitaire spécialisé en droit pénal, Mahmoud Daoud Yaakoub, a expliqué, dans Midi Show de ce mercredi, que cette initiative a été proposée par le président de la République et qu’un premier comité avait été mandaté pour la mettre en œuvre, en six mois. "Ce délai, critiqué, était trop, face à l’ampleur et à la complexité des dossiers", a relevé l'universitaire.

Et d'affirmer que l’idée de réconciliation n’est pas étrangère au droit pénal et qu’elle peut produire des résultats très positifs. Toutefois, en l’absence d’avancées notables dans ce dossier, une question demeure : « Qui bloque le processus de réconciliation et qui en rejette l’idée dès le départ ? », s’est-il interrogé.

Il a poursuivi : «Certains concernés par la réconciliation, qui négociaient avec le comité alors qu’ils étaient en liberté, se sont soudainement retrouvés en prison, après l’émission de mandats de dépôt à leur encontre. D’autres sont toujours incarcérés, malgré la signature d’accords de réconciliation et le paiement des montants dus».

La prison, une erreur législative pour les crimes financiers

Selon Mahmoud Daoud Yaakoub, dans les affaires de crimes financiers, l’emprisonnement constitue une erreur de législation, car «l’argent se rembourse par l’argent». Il a révélé que certains hommes d’affaires incarcérés ont exprimé leur volonté de s’engager dans des projets sociaux, comme la rénovation d’écoles, l’acquisition d’équipements pour les hôpitaux publics ou encore la mise à disposition de moyens de transport public, dans le cadre de la réconciliation.

«Le blocage ne profite à personne. La réconciliation pénale sert les deux parties : l’État et les concernés», a-t-il souligné, ajoutant : «par des mesures simples, il est possible de rétablir la confiance dans ce processus, aujourd’hui redouté par tous, comme la libération provisoire assortie d’une interdiction de quitter le territoire pour ceux qui ont signé un accord de réconciliation, tout en poursuivant les négociations».

Il a, également, appelé à amender la loi relative à la réconciliation pénale, notamment en ce qui concerne l’obligation de soumettre les dossiers au Conseil de sécurité nationale et à prolonger la durée du mandat du nouveau comité, de six mois à deux ans.