2024-2025: Retour sur la saison la plus disputée de la décennie...
Le 1er juin, le rideau est tombé sur une saison 2024-2025 particulière qui restera comme l'une des plus disputées de ces dernières années.
Loin des scénarios classiques, dominés par les cadors (EST, CA, ESS et le CSS), le suspense a duré jusqu’aux dernières journées, avec trois, voire quatre, prétendants sérieux au titre. Cela n'a pas seulement intensifié la course pour les deux sacres nationaux -Championnat et Coupe- mais aussi pour les places qualificatives pour les compétitions africaines interclubs.
Dans les lignes qui suivent nous revenons sur les faits marquants qui ont rendu cette saison aussi palpitante qu'inhabituelle.
L'Espérance de Tunis...la tempête avant le triomphe
L'Espérance sportive de Tunis a remporté le championnat pour la 34e fois de son histoire conservant, ainsi, son titre acquis en 2024.
Pourtant les choses ont mal commencé pour le club de Bab Souika, classé sixième, après six journées avec sept points de retard sur le leader.
Après ces débuts difficiles, l'EST s'est séparée de son entraîneur Miguel Cardozo pour s'engager avec le Roumain Laurențiu Reghecampf qui a, certes, réussi à redresser la barre et à reprendre la première place mais il n'a pas pu trouver la bonne formule pour résoudre les problèmes défensifs de son équipe.
Parti, à son tour, Reghecampf a cédé sa place à Maher Kanzari qui a réalisé une série de neuf victoires en dix matches, à l'échelle locale, permettant aux Sang et Or de décrocher le doublé national, pour la première fois depuis 2011.
Kanzari, du sommet avec le ST à la consécration avec l'EST
Nommé à la tête de la barre technique du Stade tunisien au début de saison, Maher Kanzari a réalisé une excellente phase aller avec le ST.
Avec dix victoires, trois nuls et une seule défaite, sur tapis vert, le club du Bardo a "décroché" le titre symbolique de champion d'hiver.
Privé de ses meilleurs atouts offensifs comme Youssouf Oumarou et Bilel Mejri, cédés lors du Mercato hivernal, le ST n'a pas réussi à conserver son leadership, enchaînant les contreperformances.
Dans ce contexte difficile, Kanzari a fait un pari risqué en quittant le ST pour rejoindre l'Espérance de Tunis qui traverse, également, une mauvaise passe en championnat.
En dépit d'une élimination en quart de finale de Ligue des champions face à Mamelodi Sundowns, Kanzari a transformé le club de Bab Souika en véritable machine à gagner, remportant dans un premier temps, le championnat avant d'enchaîner avec une Coupe de Tunisie, la première depuis...neuf ans.
L'US Monastirienne, la surprise qui n'en est plus une
Depuis qu'elle a retrouvé l'élite en 2017, l'Union sportive monastirienne fait plus que se maintenir. Sixième en 2017-2018 puis septième en 2018-2019, le club du Ribat a pris une nouvelle dimension en décrochant la Coupe de Tunisie en 2020 et la Supercoupe (disputée en 2021).
Après une saison décevante en 2021, l'USMo a raté de peu le titre en 2022, avant de terminer deuxième en 2023-2024 et en 2024-2025.
Affichant une régularité et une solidité tactique indéniables, l'USMo a réussi à bousculer la hiérarchie du championnat et à se faire une place parmi les prétendants traditionnels au titre.
Le Club Africain...parti fort, arrivé court
Après avoir effacé l'essentiel de sa dette et fait un bon Mercato, le Club Africain a réalisé un excellent début de saison, occupant la première place à plusieurs reprises.
En engageant David Bettoni, ex-entraîneur adjoint du Real Madrid, le CA a voulu mettre en place un projet qui s'étale sur deux saisons, pour permettre à son équipe séniors de devenir l'une des plus dominantes du championnat.
Parti sur les chapeaux de roue, le Club Africain a connu quelques accrocs de parcours mais il a réussi à maintenir ses chances de consécration jusqu'aux derniers matches.
Cependant, le club de Bab Jedid s'est essoufflé et a montré ses limites dans le sprint final et la défaite concédée, à domicile, face à son rival de toujours, l'Espérance de Tunis, a été le tournant de la saison pour les Clubistes qui ont vu leurs ambitions s'envoler avant de terminer à la quatrième place, non-qualificative pour la Coupe de la Confédération...
L'Espérance de Zarzis et le Stade tunisien, les ingrédients secrets
Comme nous l'avons déjà mentionné, la saison s'est distinguée par un championnat ouvert et imprévisible où la hiérarchie habituelle a été bouleversée, donnant lieu à une lutte palpitante pour les places africaines.
Parmi les clubs qui ont le plus "pimenté" cette saison, figurent le Stade tunisien et l'Espérance sportive de Zarzis.
Considérés comme de simples outsiders, voire comme des candidats au maintien, ces deux clubs ont sérieusement cru à leurs chances d'obtenir une place sur le podium, rendant les matches face aux prétendants traditionnels au titre à fort enjeu.
L’ESS, la remontée inachevée
Minée par les problèmes administratifs et financiers au cours de la période d'intersaison, l'Etoile sportive du Sahel a connu une saison contrastée.
Avec un seul succès lors des sept premières journées, l'ESS occupait la 13e place à deux petits points du premier relégable.
L'arrivée de l'entraîneur Mohamed Mkacher a remis l'équipe sur les rails, enchaînant une série de 12 victoires et un match nul en 13 rencontres, permettant aux Etoilés de rejoindre l'Espérance de Tunis à la première place la veille de leur choc qui a tourné à l'avantage des Sang et Or (3-0).
Toujours concernés par la course au titre, les Etoilés ont laissé filer de précieux points, lors de la dernière ligne droite, ratant une deuxième place qui leur tendait les bras, se contenant finalement d'une participation à la prochaine Coupe de la Confédération.
Lutte à distance entre les buteurs du championnat
En marge de la course au titre, qui était déjà disputée, une autre lutte acharnée s'est jouée entre les différents buteurs de cet exercice 2024-2025.
Disparu des écrans radars, au cours des dernières années, Firas Chaouat, recruté par l'Etoile du Sahel, a retrouvé son instinct de buteur, terminant la saison au sommet avec 17 réalisations.
Le néo-international Hazem Mastouri (US Monastir) est deuxième à une unité de Chaouat (16), tandis que Youssef Senana, prêté par le Club Africain à l'Espérance de Zarzis, s'est parfaitement illustré, en marquant 13 buts.
Mention spéciale, également, pour Achraf Jabri qui a commencé la saison sous les couleurs l'ESZ avant de retrouver son club formateur, l'EST, avec lequel il a contribué au sacre final.
Une saison à retenir...
Entre surprises et retournements de situation, la saison 2024-2025 a offert aux fans du championnat tunisien un spectacle haletant.
La montée en puissance des outsiders, les parcours contrastés des cadors et l’intensité de la lutte pour le titre et les places africaines ont prouvé que le championnat de Tunisie peut être parfois imprévisible.
Une saison riche en enseignements, qui promet déjà une prochaine tout aussi passionnante.
Medhat Guerbouj