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Moëz et Farouk : La connivence au-delà de la concurrence

                                                                                                        Par Slah Grichi

 

Les sports collectifs sont ainsi faits; un monde qui se nourrit de concurrence qui doit être synonyme d'émulation, de déceptions dont l'idéal est qu'elles soient génératrices de rendements meilleurs, de moments où l'on a le sentiment de subir des décisions injustes, avec le dépassement pour obligation, afin de toujours donner le meilleur de soi, en espérant une opportunité qui ne se présentera peut être pas. 

 

Or, sacrifier le Moi pour le groupe et son homogénéité, penser aux autres avant soi, accepter le principe que la gestion d'un groupe suppose que nul n'est irremplaçable, n'est pas toujours facile à admettre, surtout quand on on est convaincu d'être au faîte de sa motivation pour se donner à fond et servir la consécration de son équipe.

 

C'est ce qui est arrivé à Moëz Hassan, lundi dernier, lorsque le staff technique a décidé d'incorporer Farouk Ben Mustapha pour la séance des tirs au but face au Ghana. Son geste signifiant son refus de sortir découlait davantage d'un sentiment de frustration et d'incompréhension -doublé de la certitude de vouloir et pouvoir servir- que de rébellion, d'égoïsme ou d'un Moi surdimensionné. 

 

N'avait-t-il pas sorti un match pratiquement sans faute, avec des parades décisives qui lui ont valu d'être plébiscité keeper de l'équipe type des seizièmes de finale de cette CAN? Le sentiment d'injustice qu'il a éprouvé, aussi «illégitime» qu'il soit dans la logique du sport, était autant explicable que défendable, surtout qu'à l'évidence, il n'y avait pas eu concertation préalable que l'entrée de Ben Mustapha pour la séance des penalties était envisageable, pour l'effet psychologique ou pour son efficacité dans cet exercice. Or, dans une telle compétition et à un tel niveau, on n'a pas le droit d'improviser, encore moins de ne pas exposer aux joueurs, lors de la dernière réunion technique, tous les scénarii possibles. Il est clair que cela n'a pas été fait. Encore un bon point en moins pour le staff.

 

En tout cas Moëz Hassan a vite fait de rattraper son erreur, suivant les tirs au but, applaudissant l'arrêt de son remplaçant et partageant la joie de ses coéquipiers à la fin de cette éprouvante séance. Il a fait mieux lorsqu'il il a publié un statut où il s'est excusé pour son geste impulsif, auprès de l'ensemble de l'équipe, de ses entraîneurs et des Tunisiens.

 

Un pro qui admet avoir gaffé mais qui reste utile pour le groupe où Farouk Ben Mustapha -tout comme Moëz Ben Thabet- seront toujours des facteurs d'émulation pour lui et dont le statut de concurrents ne doit pas altérer une complicité, voire une connivence, nécessaire à l'esprit d'équipe sans lequel les consécrations suprêmes ne dépassent jamais le stade des chimères.

 

Allez les Moëz, le Farouk, le Bédoui et les autres, foncez...le plus beau de la CAN vous attend