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L'échec de Salvini n'a pas mis fin au racisme en Italie

"L'Europe a décidé de transformer la Méditerranée en un cimetière au lieu d’en faire un lieu de rencontres entre les civilisations et d’encourager la libre circulation des personnes", a regretté Alessandra Sciurba, présidente de l’Organisation de sauvetage en mer "Mediterranea Saving Humans".


S'exprimant lors d'une conférence de presse, organisée mercredi au siège du forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) à Tunis, Sciurba a dénoncé la politique migratoire européenne, notamment celle de l'Italie qui coopère, selon elle, avec les "garde-côtes" libyens pour empêcher la libre circulation des gens en Méditerranée et criminalise la société civile qui milite pour sauver les vies humaines en péril. Elle a d'autre part souligné que la politique discriminatoire contre les migrants ne s'est pas arrêtée après l'échec de Salvini.

L'intervenante a souligné que les migrants qui ne meurent pas noyés sont capturés par les garde-côtes libyens, entraînés par l’Union européenne et financés par le gouvernement italien. Ils sont ensuite renfermés dans des camps de détention aux conditions inhumaines.

"Des femmes enceintes, des bébés, des enfants et des jeunes trouvent la mort en Méditerranée, où sont capturés par les "milices" libyennes et torturés rien que parce qu’ils ont fui leur pays à la recherche d'un avenir meilleur par voie illégale, en l'absence de voies migratoires légales", a-t-elle dénoncé qualifiant la politique migratoire européenne de raciste.

De son côté, Antonio Manganella, directeur Méditerranée pour ''Avocats Sans Frontières'', a souligné l'importance de rompre le silence et de dénoncer la mort de centaines de milliers de personnes en Méditerranée, juste parce qu’ils sont des "Africains noirs".
Manganella a signalé que depuis 2015, il y a eu 20 mille morts en Méditerranée avec une augmentation remarquable au cours de ces derniers mois.
"Au lieu de renforcer le cadre juridique et les voies légales de migration, l’Europe est en train de renforcer les restrictions et la politique sécuritaire", a-t-il dit.

Il a, en outre, estimé qu’il est inadmissible de continuer les échanges commerciaux et économiques et d’interdire la libre circulation des personnes.
Manganella a mis l’accent sur l’urgence de mettre en application les résolutions de la conférence de Berlin du 19 janvier 2020 sur la paix en Libye et, notamment, celle relative à la fermeture des centres de détention des migrants, tout en appelant à l’ouverture de canaux humains et légaux.

Pour sa part, Romdhane Ben Amor, chargé de communication au FTDES, a indiqué que des migrants irréguliers tunisiens sont rapatriés de manière forcée chaque semaine (deux vols les lundis et jeudis) dans le cadre de l’application des conventions injustes entre la Tunisie et l’Italie.
Selon Ben Amor, l’Espagne est en train de violer les droits humains des centaines de migrants tunisiens, détenus depuis des mois, au centre de détention Ceti mililla dans des conditions inhumaines et déplorables, afin de conclure un accord similaire avec la Tunisie.

Par ailleurs, il a indiqué que ces mêmes violations sont également subies en Tunisie, sur les migrants irréguliers accueillis, faisant remarquer qu’actuellement, le statut de réfugié n’accorde aucun privilège au migrant irrégulier en Tunisie, ce qui pousse plusieurs d’entre eux à revenir dans leurs pays.

Dans ce contexte, il a ajouté que face au manque d’informations au sujet de l’éventuelle ouverture d’un camp dans la région de Bir El Fatnassiya, situé à 15km au sud de Remada à Tataouine pour accueillir les demandeurs d’asile ayant fui la crise en Libye, le FTDES appelle le gouvernement et les organisations internationales à fournir les moyens nécessaires pour répondre aux besoins humains des migrants et des demandeurs d’asile qui entrent en Tunisie sur la base de la non-discrimination.

Ben Amor a souligné, à cette occasion, que le FTDES refuse le recours au rapatriement forcé et considère que les mesures sécuritaires doivent respecter les droits des catégories de personnes les plus vulnérables comme les femmes et les enfants.