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Deux ans de guerre et de désastre au Yémen

Escalade meurtrière entre forces loyalistes et rebelles, montée du terrorisme, frappes américaines contre Al-Qaïda, menaces de famine: le Yémen est plus instable que jamais deux ans après le début de l'intervention militaire d'une coalition arabe.


Le Yémen est devenu "un bourbier", résume Peter Salisbury, chercheur à l'institut londonien Chatham House.


Le pays de la Péninsule arabique s'est fracturé à tel point qu'il est difficile d'imaginer son avenir "comme Etat unitaire viable", ajoute-t-il.


Or rétablir l'unité du pays était l'objectif de la coalition commandée par l'Arabie saoudite lorsqu'elle est intervenue au Yémen le 26 mars 2015.
Depuis, les avions de combat de la coalition mènent quasi-quotidiennement des frappes aériennes en appui aux milliers de soldats engagés au sol avec chars, canons et artillerie lourdes contre les rebelles chiites Houthis et leurs alliés. Mais ces derniers contrôlent toujours de larges pans du territoire, dont la capitale Sanaa, qu'ils occupent depuis septembre 2014.


Deux ans de combats ont fait 7.700 morts, majoritairement des civils, plus de 42.500 blessés et trois millions de déplacés, selon les estimations de l'ONU.


Le Yémen est le théâtre de "la pire crise humanitaire au monde" et "un grave risque de famine" menace ce pays, le plus pauvre du monde arabe, a mis en garde l'ONU.


Jusqu'à présent, aucun signe d'apaisement ne se dessine après l'échec de sept trêves arrangées par l'ONU et l'ex-secrétaire d'Etat américain John Kerry. Selon le médiateur de l'ONU, les belligérants refusent encore aujourd'hui de négocier.


"Malheureusement, rien ne laisse entrevoir la lumière au bout du tunnel", constate Adam Baron, expert lié à l'European Council on Foreign Relations.


"Le pays est en train de s'effondrer comme un château de cartes": les institutions de l'Etat et la sécurité ont volé en éclats tandis que les élites ne s'occupent que de leurs propres intérêts, selon lui.


Deux ans et demi après avoir été chassé de la capitale Sanaa, le président Abd Rabbo Mansour Hadi reste à ce jour l'autorité "légitime" du pays. Mais il réside la plupart du temps à Ryad.