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Violence numérique : un fléau silencieux qui fragilise nos adolescents

De nos jours, les jeunes passent une grande partie de leur temps les yeux rivés sur leurs smartphones, explorant l’univers infini des réseaux sociaux. Comme toute invention, cette technologie est une arme à double tranchant. D’un côté, elle offre un accès immédiat à la culture, à l’information et à l’échange ; de l’autre, elle expose les utilisateurs, souvent très jeunes, à une violence numérique grandissante. Comment protéger nos enfants de ce danger invisible mais bien réel, qui s’installe sournoisement dans notre quotidien ?

Quand les écrans façonnent l’identité des adolescents  

En Tunisie, les adolescents découvrent le monde virtuel de plus en plus tôt, souvent dès dix ans. Ce monde leur permet d’apprendre, de s’exprimer et surtout d’affirmer leur identité.

Internet est pour eux une extension naturelle du quotidien, où ils cherchent divertissement, savoir et reconnaissance sociale.

Mais cette immersion précoce façonne aussi leurs comportements et émotions. Le smartphone devient « leur compagnon de vie », les poussant à chercher constamment l’approbation à travers les « likes ». Cette exposition accrue les rend vulnérables aux moqueries, pressions et harcèlement en ligne, transformant parfois le virtuel en source de souffrance.

Si les adolescents maîtrisent bien la technologie, ils évoluent souvent sans règles ni repères. Beaucoup ne savent pas vers qui se tourner en cas de problème, et la médiation parentale reste rare, accentuant le fossé générationnel face au numérique.

Violences numériques ou la face cachée de la vie connectée

Une part importante de nos adolescents a déjà été confrontée à des formes de harcèlement, de moqueries ou d’agressions sur les réseaux sociaux. Mais face à cette violence numérique, beaucoup se taisent. Par peur, par honte, ou parce qu’ils estiment, à juste titre parfois, que les adultes minimisent leur souffrance. Le  manque d’écoute et l’absence de dispositifs clairs pour signaler les abus les laissent seuls, désarmés face à leur écran.

Et les conséquences sont graves. Certains jeunes sombrent dans l’anxiété, l’insomnie, voire l’isolement social, piégés dans un univers virtuel devenu toxique. Derrière les likes et les stories, c’est parfois une véritable détresse psychologique qui s’installe.


Dialogue et confiance : le secret pour un numérique serein

Nos adolescents ne veulent pas qu’on leur coupe l’accès aux écrans, et c’est parfaitement compréhensible dans un monde où tout passe par le numérique. Il faut donc leur garantir un environnement digital sûr, avec des adultes à l’écoute, capables de comprendre sans juger. Ils veulent être accompagnés, pas simplement surveillés de loin.

Le rôle des adultes est essentiel. Plutôt que d’imposer des interdits stricts, il s’agit d’instaurer un dialogue ouvert : parler des limites, expliquer les risques, poser des repères clairs et surtout, rester présents. Car un adolescent qui se sent compris est bien plus susceptible de demander de l’aide en cas de difficulté.

Cette coéducation – entre parents, enseignants et éducateurs – est la clé pour que les jeunes développent un usage responsable, critique et serein du numérique. N'oublions jamais que la prévention ne passe pas par la peur, mais par la confiance.

Dorsaf Lâameri