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Donia Kaouach, la jeune bourguibienne qui brille de mille feux

Une figure de proue tunisienne qui revendique son affiliation à l'esprit de Bourguiba. Pourtant, lorsqu'elle est née, ce dernier terminait ses derniers jours au pouvoir. Elle, c'est Donia Kaouach qui, à 34 ans, dirige la Fondation internationale "Leaders pour la paix", qui côtoie et débat avec des sommités du monde. Le Figaro vient de lui consacrer un large portrait dont voici l'essentiel.

...Cette femme de 34 ans porte en elle une grande ambition: elle veut sortir son pays de la nuit. La Tunisie qui lui a donné le jour, mais qui, depuis des années, se cherche un avenir. Elle se bat pour lui offrir des lendemains qui chantent. Elle interpelle les grands de ce monde, voyage sur tous les continents. Donia Kaouach n’a pas froid aux yeux. Rien ni personne ne l’arrête. Son pouvoir de séduction et sa force de persuasion sont immenses. C’est ainsi qu’elle a tapé dans l’œil de Jean-Pierre Raffarin.

Dans les années 2000, Jacques Chirac, qui estimait que la droite ne comptait pas assez de jeunes femmes dans ses rangs, avait demandé à son ancien premier ministre de jouer les «rabatteurs». Un jour, il a ramené Donia Kaouach dans ses filets, devinant un «gros potentiel» chez cette banquière spécialisée dans les fusions-acquisitions, passée par des études de droit et de finances. Depuis, Jacques Chirac a quitté la scène, la droite est déboussolée, mais le politicien madré et sa protégée font toujours cause commune dans la fondation qu’il a créée et préside, Leaders pour la paix. Il lui en a même confié la direction générale. Là, elle est comme un poisson dans l’eau, entourée d’un board où siègent quelques noms d’envergure: Ban Ki-moon, ancien secrétaire général des Nations unies, Antony Blinken, conseiller aux affaires étrangères de Joe Biden, Enrico Letta et Romano Prodi, ex-premiers ministres italiens, Pierre Vimont, ancien ambassadeur de France…

«C’est une pépite», confie Jean-Pierre Raffarin, admiratif de son sens de l’organisation. Mais pas seulement: «Elle maîtrise parfaitement les sujets que ma Fondation aborde, quel que soit le continent concerné ; elle a du fond et des idées précises, elle travaille beaucoup.» Par visioconférence, coronavirus oblige, elle a animé, fin juin, une table ronde sur les jeunes en Afrique, en présence de plusieurs décideurs du continent. Récemment, elle a dialogué des heures durant avec Antonio Guterres, le patron de l’ONU. Pourrait-elle embrasser avec succès une carrière politique? «Ce n’est pas impossible», répond son mentor...

La Tunisie, c’est...l’amour de sa vie. «Elle en sera un jour la présidente», prédit l’une de ses amies, attachée parlementaire en France, conquise par son magnétisme. Donia Kaouach se dit bourguibiste et bourguibienne. Habib Bourguiba, le père fondateur du pays, l’émancipateur, l’homme qui aimait les femmes. «La Tunisie, raconte-t-elle, c’est une histoire de femmes. Au nez et à la barbe de tout le monde arabo-musulman, ce raïs flamboyant, cultivé et courageux s’est distingué, dès la fin des années 1950, en les considérant à l’égal de l’homme et en leur donnant des droits identiques, grâce à un Code du statut personnel d’une exceptionnelle modernité. Grâce à lui, les femmes jouent un rôle essentiel dans l’économie nationale, elles produisent 70 % du PIB. Qui sait qu’aujourd’hui que 50 % des magistrats et 60 % des médecins sont des femmes en Tunisie?»...

...Depuis Bourguiba, le pays a dérivé. D’abord avec Ben Ali, qui «a tué la classe politique». Après la révolution de 2011, à laquelle Donia Kaouach a activement participé, Caïd Essebsi «a un temps évité le pire», reconnaît-elle. Puis est arrivé le président actuel, Kaïs Saïed, l’année dernière. Un maître assistant en droit constitutionnel à l’université de Tunis, que personne ne voyait là. Un conservateur sans être un intégriste revendiqué. La jeune femme observe avec attention le début de son mandat... 

Source : Le Figaro