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14 janvier 2011, ce qui s'est passé...

Le départ de l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali le 14 janvier 2011 a marqué l’aboutissement de près de quatre semaines de protestations menées par des citoyens qui aspirent à la liberté et à la dignité.

Depuis, huit ans se sont écoulés et les tunisiens se demandent toujours ce qui s’est réellement passé ce jour là. A travers les témoignages de personnages influents ou qui ont pris part directement ou indirectement à cette révolution que certains n’hésitent pas à qualifier aussi bien de soulèvement que coup d’Etat même, nous tentons de reconstituer l’enchaînement des événements ayant conduit au départ de Ben Ali.

Les choses ont commencé le 17 décembre 2010 à Sidi Bouzid, quand Mohamed Bouazizi, un marchand ambulant de 26 ans s’est immolé par le feu en signe de protestation contre la confiscation de sa brouette par un agent municipal (Les évènements du bassin minier en 2008 avaient déjà été l’élément annonciateur d’une fronde générale). Cet incident a provoqué la fureur des habitants et déclenché la première étincelle de cette révolution.
 
Le mouvement protestataire s'est propagé comme un feu de paille dans la plupart des régions avec des affrontements entre des jeunes et des forces de l’ordre,  qui ont pris de l’ampleur après le décès de Mohamed Bouazizi qui a succombé à ses brûlures le 4 janvier 2011 au Centre de traumatologie et des grands brûlés de Ben Arous.

Le 13 janvier, le président déchu Zine El Abidine Ben Ali a prononcé son fameux discours "je vous ai compris" dans lequel il a annoncé qu’il ne se présentera pas aux élections de 2014 et qu’il procédera à un processus de démocratisation dans le pays.

Ces concessions n’ont pas apaisé les tensions et les foules ont commencé dès 9h du matin du 14 janvier à se rassembler devant le ministère de l’Intérieur, symbole de la répression sous le régime de Ben Ali.

Les protestataires, dont des citoyens, des politiques, des avocats, des journalistes etc. ont appelé au départ de Ben Ali et ont scandé des slogans comme "Du pain, de l’eau, Oui. Mais non à ben Ali" ainsi que le fameux "Dégage" qui est devenu ensuite le symbole de cette révolution.

Parallèlement le pays est toujours secoué par des manifestations appelant au départ du président déchu. L’avenue Habib Bourguiba, en particulier, a été le théâtre de plusieurs affrontements entre des forces de l’ordre et des manifestants.

En début d’après-midi, des membres de la famille de Ben Ali et du clan Trabelsi ont été arrêtés par la Brigade Antiterroriste, à l’aéroport Tunis-Carthage alors qu’ils s’apprêtaient à quitter le pays. Le nombre d’arrestations lors de cette opération s’élève à 28 dont celles de Moncef Trabelsi et d’Imed Trabelsi. Par contre Belhassen Trabelsi, frère de Leila Trabelsi a réussi à s’évader à bord de son yacht privé.

En milieu d’après-midi  Zine El Abidine Ben Ali, Leila Trabelsi, leur fils Mohamed Zine El Abidine et leur fille Halima ainsi que le directeur de la sécurité présidentielle Ali Seriati se sont rendus à l’aéroport de l’Aouina pour quitter le pays. Ali Seriati, a fait comprendre à Ben Ali, qu’il devait accompagner sa famille à Djeddah et y rester quelques jours, pour permettre aux services de sécurité de reprendre le contrôle de la situation et favoriser son éventuel retour.

En fin d’après midi, l’avion a décollé pour rallier l’Arabie Saoudite après une escale à Malte. Informé du départ de Ben Ali, le ministre de la Défense, Ridha Grira a ordonné l’arrestation d’Ali Seriati à l’aéroport.

Quelques minutes plus tard, l’armée a pris le contrôle de l’aéroport et a fermé l’espace aérien tunisien.

Après la diffusion de cette information, Sami Sik Salem, ancien directeur général de la sécurité présidentielle, a contacté le Premier ministre, Mohamed Ghannouchi et l’a appelé à se rendre au palais de Carthage avec le président du parlement, Fouad Mbazaa, Abdallah Kallel, président de la chambre des conseillers et Fethi Abdennadher, président du conseil constitutionnel.
   
A 18h45 : dans un discours diffusé depuis le Palais de Carthage, Mohamed Ghannouchi, Premier ministre, se proclame président par intérim conformément à l’article 56 de la constitution vu que "le président Ben Ali était temporairement dans l’incapacité d’exercer le pouvoir" alors que l’Etat d’urgence et un couvre-feu ont été décrétés après la dissolution du gouvernement et des unités militaires ont été déployées dans les rues.

Dans la soirée du 14 janvier 2018, l’anarchie s’installe dans le pays. Certaines sources parlaient de véhicules qui parcourent les rues des grandes villes pour semer la terreur auprès de la population alors que de nombreuses scènes de saccage et de pillage ont été enregistrées.  Pour faire face à ce phénomène, les citoyens se sont organisés en groupes d'auto-défense.

Au ministère de l’Intérieur, une réunion ayant regroupé Mohamed Ghannouchi, Fouad Mbazaâ, Abdallah Kallel, les cinq membres du conseil suprême des armées, le ministre de l’intérieur, Ahmed Friaâ, s’est déroulée dans la nuit du 14 au 15 janvier. Il a été décidé de désigner Fouad Mbazaâ comme président de la république par intérim en vertu de l'article 57 de la constitution qui prévoit qu'"en cas de vacance de la présidence de la République pour cause de décès, démission ou empêchement absolu le président de la Chambre des députés est immédiatement investi des fonctions de président de la République par intérim".

Il a été décidé également d’entamer des négociations avec les partis politiques en vue de former un gouvernement d’union nationale et mettre en place un processus de transition démocratique.
 
Parallèlement, l’avion qui emmenait Ben Ali et sa famille a atterri à Djeddah, la capitale saoudienne vers 0h30, heure tunisienne. Contrairement à ce qu’on lui a fait comprendre, il ne reviendra jamais, le règne de Ben Ali avait, bel et bien, pris fin.