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Les enseignants accusent, les élèves participent, le ministère répond

Vendredi 27 mai 2016, les cours sont interrompus à l’école primaire « Essaada », à El Mornaguia. Un passant non averti ne se rendrait même pas compte que le corps enseignant observe un sit-in. Les petits sont certes à l’école, mais ils n’ont pas cours. Un peu plus tôt dans la matinée, les élèves d’Essaada portaient des banderoles et répétaient des slogans solidaires avec leur enseignant… De leur côté, les parents ayant eu vent du sit-in protestataire, se sont rendus sur les lieux pour ramasser leurs petits, sauf que le corps administratif et éducatif a refusé de confier les enfants à leurs parents avant l’heure habituelle.
 


L’étincelle se serait déclenchée il y aurait environ une semaine. Les enseignants ont révélé à Mosaique Fm que tout aurait commencé lorsqu’un enfant ayant commis un geste inconvenable contre l’un de ses camarades. L’enseignant de l’éducation physique aurait alors menacé l’enfant de le corriger en lui collant un zéro, selon les témoignages. Le petit aurait informé sa maman de l’histoire. Cette dernière, toujours selon le témoignage des instituteurs, aurait insulté l’enseignant et a menacé de faire payer le prix à l’école.

L’enseignant est alors allé porter plainte contre la mère menaçante. Cette dernière s’est engagée auprès du poste de la police de ne plus s’en prendre à l’enseignant. Sauf que, disent-ils, elle est revenue le jour même en haussant davantage le ton. Elle aurait même menacé toute l’école et a promis d'envoyer une inspection tout en se vantant qu’elle aurait le bras long et qu’elle peut accéder au département ministériel.


Moins de 24 heures après, et toujours selon le récit des instituteurs, l’inspection financière et administrative étaient déjà sur les lieux. Les enseignants disent que l’un des inspecteurs maintenait un contact téléphonique permanent avec la tutrice. Ils ont ajouté que les inspecteurs auraient dicté aux élèves le témoignage qu’ils devaient écrire.


Suite à ces évènements, les enseignants, disent ressentir un ras-le-bol. La directrice de l’école, souffrante déjà d’une petite santé, aurait eu un infarctus suite à cette histoire d'inspection et se trouverait actuellement alitée à l’hôpital.

Les enseignants ont alors décidé d’observer un sit-in pour que leurs voix soient transmises parce qu’ils disent avoir porté moult plaintes suite aux agressions faites par des parents mais qu’ils n’ont jamais eu de répondant. Et ce fut la décision du sit-in protestataire. L’on a également parlé d’une initiative qui aurait été prise par des élèves de la cinquième et de la sixième année primaire où certains auraient écrit « sit-in, sit-in jusqu’à ce que Monsieur Houssem obtienne justice » sur une banderole et auraient fait le tour de la cours d’école pour manifester leur soutien à leur enseignant.

A ce propos, l’un des enseignants de l’école et en marge de l’incident avec la parente, trouve anormale qu’on soumette la directrice de l’école à une inspection financière alors qu’elle venait de prendre l’initiative de bâtir une scène de théâtre. « L’on dit qu’on encourage les activités culturelles, or, lorsque la directrice, qui part bientôt à la retraite, a pris l’initiative de bâtir un théâtre et au lieu de nous encourager et de nous féliciter, on a eu droit à une inspection!"

 


Les parents inquiétés


Un parent d’élève a su qu’une dispute a eu lieu entre un enseignant et une tutrice et qu’une grève a été observée par les enseignants. Inquiété, il s’est précipité à l’école pour ramasser son fils. Il dit avoir entendu des cris et des hurlements et qu’il a voulu récupérer son fils sauf que l’administration le lui a refusé. "Nos enfants n’ont aucune responsabilité, s'ils n’ont pas cours qu’on les laisse rentrer! C’est à croire qu’ils sont pris en otage dans cette histoire".


Une tutrice a également révélé qu’elle a entendu du tapage et qu’elle a su que les enseignants observaient un sit-in protestataire. En se rendant sur les lieux, on a refusé de lui confier sa petite fille. Elle a alors manifesté ses craintes par rapport au tapage et avait peur que les élèves ne soient hors du contrôle. Elle n’a quitté les lieux, qu’après s’être assurée que les élèves sont bien rentrés dans leurs salles de classe et ont retrouvé leur calme. Nonobstant elle a corroboré les dires des enseignants.


Les enseignants appellent le ministre à agir avec équité et justice
 



« Il est inconcevable que le ministre écoute attentivement toutes les plaintes venant des parents et qu’il ne nous accorde à nous, corps enseignant, aucune ouïe attentive. Nous voulons une reconsidération, y’en a marre d’être toujours maltraités et menacés. On a tué en nous toute volonté de donner un plus. On veut anéantir l’enseignement public pour servir les intérêts du secteur privé. Il est grand temps que le ministre nous écoute et réponde à nos demandes », disent de part et d'autres les enseignants grévistes.

 



Le Ministère de l’Enseignement : l’inspection est purement financière et elle concerne la directrice

 



Pour comprendre les dessous du litige et les raisons officielles de l’inspection, Mosaïque Fm a contacté une partie responsable au sein du ministère de l’Enseignement. La partie contactée  nous a révélé que l’inspection qui vient d’avoir lieu à l’école Essaada d’El Mornaguia n’a aucun rapport avec l’incident de la parente. « C’est la directrice de l’école qui est soumise à une inspection. Celle-ci a forcé les élèves à acheter des tabliers qui coûtent 20 dinars. Et ce fût l’objet de l’inspection » dit-il.

 


NDLR : Mosaïque FM n’a pas su joindre la parente en question pour avoir l’autre son de cloche. Nonobstant, nous rappelons qu’un  droit de réponse est à sa disposition.