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JTC 2019 : Un palmarès exceptionnellement arabe

Le rideau est tombé, dimanche soir, sur les Journées théâtrales de Carthage (JTC) 2019, au cours d'une cérémonie officielle tenue au théâtre de l'Opéra à la Cité de la Culture, marquée par un palmarès exceptionnellement arabe.

Après les hommages de la soirée inaugurale, la clôture a été également l’occasion de rendre hommage à d’autres figures emblématiques de la scène théâtrale arabe, à savoir la Marocaine Touria Jabrane, l’Egyptien Samir Asfouri, le Libanais Roger Assaf et les Tunisiens Ezzeddine Madani, Mohammed Moumen et Mohamed Raja Farhat.

Entre l’annonce des palmarès officiel et parallèle, la soirée a été ponctuée de pauses musicales avec le pianiste virtuose Yassine Lajmi et les jeunes danseuses du laboratoire de la danse au théâtre de l’Opéra.

Compétition et constats du jury

Le Palmarès du jury présidé par le Tunisien Raouf Ben Amor, a décidé d’attribuer la plus haute distinction de la compétition à l’Egypte. Il s’agit du prix de la meilleure œuvre, revenu à la pièce "Le Collier et le Bracelet ", mise en scène de Nasser Abdelmomen.

La Tunisienne Nadia Boussetta a remporté le prix de la meilleure interprétation féminine, pour son rôle dans "Cicatrice", mise en scène de Ghazi Zaghbani. Deux œuvres tunisiennes étaient dans la course aux Tanits de la compétition.

Pour ce festival d’envergure arabe et africaine, le palmarès de cette année était exceptionnellement arabe, puisque les six prix de la compétition officielle sont revenus à des oeuvres d’Egypte, du Maroc, de Palestine, d’Irak, de Tunisie et d’Oman. Parmi les 14 œuvres arabes et africaines en compétition officielle, deux pièces d’Afrique ont été dans la course dont l’une de la Côte d’Ivoire et l’autre du Sénégal.

Le jury a constaté que "certaines œuvres n'étaient pas conformes aux normes artistiques qu’exige toute création théâtrale complète". Il ressort aussi "une grande divergence dans la qualité des productions concurrentes". A la lumières des constats avancés, il a recommandé de "prendre en compte les critères esthétiques et de complémentarité dans les œuvres proposées, sur la base de l’objectivité, la rigueur et la précision". Il recommande aussi de "revoir la liste du palmarès, en adoptant le principe ex-aequo et l’attribution d’un premier et d'un second prix en plus de nouveaux prix pour les second rôles (Prix de l’espoir) et le prix de la meilleure musique".

Cependant, le jury a fait état d’un constat positif car, "au milieu de ces bouleversements dans le Monde arabe, le théâtre a réussi à nous épargner -même momentanément- toute cette asphyxie". Raouf Ben Amor a décrit les JTC comme étant "la fête de la beauté, grâce à l’effort de tous les créateurs du monde arabe et africain, estimant que le meilleur atout de ces Journées consiste en la présence massive et merveilleuse du public".

Les lauréats tunisiens des prix parallèles

Dans la section parallèle, les prix ont été décernés par des institutions partenaires des JTC dont des organismes étrangers. La première distinction est revenue à Abdelahalim Messaoudi, homme de théâtre et écrivain tunisien, qui est également membre du comité des JTC. Il a obtenu le prix Ahmed Maaouia pour la meilleure structure de production.

La pièce "Messages de la Liberté", du metteur en scène tunisien Hafedh Khlifa a remporté le prix de la meilleure œuvre d’expression arabe, décerné par l’Organisation arabe pour l’Education, la Culture et les Sciences (Alecso). Pour ce prix arabe, le jury a souligné " la diversité des œuvres présentées dont la plupart sont des adaptations puisées dans le théâtre mondial ". Cependant, le comité constate un manque au niveau de l’interprétation et recommande davantage de formation pour les créateurs afin que les œuvres soient mieux adaptées aux besoins de la langue arabe".

Cette distinction en est à sa première session, en vertu d’un accord signé, le 7 décembre dernier, entre l’Alecso et le ministère des Affaires culturelles. Elle a pour objectif d’encourager l'usage de la langue arabe dans les manifestations internationales et permet aux gagnants de participer aux manifestations créées par l’Alecso et bénéficier de ses programmes de financement.
Zein Abdelkafi, prix de la meilleure technique théâtrale -décerné par l’Union générale tunisienne du Travail (UGTT)-, est le concepteur de la musique et des effets sonores de la pièce " Blood Moon " de Moez Mrabet et "Marché Noir" de Ali Yahyaoui. Le jury de ce prix composé de Sihem Akil et Imed El May, en a salué "l’effort technique, e sérieux, le professionnalisme et le haut niveau".

"Zoom", texte et mise en scène de Hedi Abbès, a décroché le prix Néjiba Hamrouni pour la liberté d’expression, qui est décerné par le Syndicat national des Journalistes Tunisiens (SNJT).

Le Prix de la diversité culturelle, décerné par l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) qui en est à sa deuxième session, est revenu à la pièce "Marché noir " dramaturgie et mise en scène de Ali Ayahaoui.

Trois récompenses baptisées Prix de la liberté sont décernées à la meilleure œuvre pour les clubs de théâtre dans les institutions pénitentiaires. Le premier prix qui est décerné par les JTC est revenu en ex-eaquo à la prison de Mornaguia et à la Prison civile de Sfax. Le second prix qui est décerné par l’Organisation mondiale contre la Torture (OMCT), a été attribué aux Clubs de théâtre dans les institutions pénitentiaires et de rééducation. Le troisième prix qui est décerné par la Direction générale des prisons et de la Rééducation, est revenu au Centre de rééducation des mineurs délinquants d’El Mourouj.

Les JTC 2019, organisée du 7 au 15 décembre, ont accordé une attention particulière aux détenus, hommes et femmes, dans les diverses institutions pénitentiaires. Ce festival annuel est une plateforme de rencontres et d’échange entre artistes et public à travers des représentations théâtrales tunisiennes, arabes, africaines, asiatiques et américaines.

(Source : TAP)