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Des experts appellent à décreter l'état d'urgence hydrique

Des ingénieurs et des experts ont appelé, hier dimanche, au cours d’une conférence qui a porté sur le "stress hydrique en Tunisie et ses solutions", à décréter "l’état d’urgence hydrique" pour faire face à la crise de l’eau qui secoue le pays, en rationalisant l’exploitation de l’eau et en en développant les quantités, qu'elles  soient naturelles ou industrialisées.

Le président de l’Ordre des ingénieurs, kamel Sahnoun,  a souligné que cet "appel impérieux" intervient, suite à une étude réalisée par le Conseil des sciences d’ingénierie, relevant de l’Ordre, qui a montré que la situation hydrique actuelle en Tunisie a atteint le niveau du "stress", sinon de la rareté à laquelle il faut opposer des mesures exceptionnelles pour garantir les droits des générations futures.

D’après lui, l’étude sur la situation de l’eau en Tunisie et sur les solutions proposées, a été élaborée entre juillet et novembre de l'année en cours, avec la participation de 28 ingénieurs et experts tunisiens, sous la présidence du Conseil des sciences de l’ingénierie.

Cette étude a été envoyée, la semaine dernière, aux présidences de la République, et du gouvernement, ainsi qu'au ministère de l’Agriculture. "Elle concerne,  également, le Conseil supérieur de la sécurité nationale, qui peut lui donner un une dimension applicative", a-t-il dit.

Il a précisé que parmi les propositions apportées par cette étude figure notamment " la gouvernance hydraulique " jugée trop faible actuellement alors que le Tunisien n’a pas jusque-là un comportement rationnel et économique de l’eau.

Le président de l’Ordre des ingénieurs a insisté sur la portée du rôle de l’information dans le soutien des efforts pour la prise des mesures exceptionnelles et la sensibilisation des autorités, de l’opinion publique et des décideurs sur le problème de l’eau et les solutions proposées.

D’après cette étude, le Tunisien consomme 1000 m3 d'eau par an, comme moyenne générale au cours des années 60, alors qu’aujourd’hui, il en consomme 450 annuellement, sachant que le niveau mondial minimum est de l’ordre de 1000 m3, car en dessous de cette moyenne, cela est considéré comme une rareté.
 

La même étude fait savoir que 55% des eaux naturelles sont disponibles sur la surface de la terre en Tunisie et s’évaporent mais aussi s’écoulent vers les mers. Et c’est là où réside la bonne gouvernance pour préserver les eaux disponibles.

un déficit pluviométrique


Le directeur général du bureau des équilibres hydrauliques et représentant du ministère de l’Agriculture, à la conférence, Hammadi Habib a fait observer que le pays est passé récemment d’une sécheresse durant sept ans suite à la hausse des températures et à un déficit pluviométrique, causant ainsi un manque de ressources naturelles en eau, ce qui demande dans l’avenir l’augmentation des quantités des eaux dessalées et le traitement des eaux usées.
Selon lui, le ministère de l’Agriculture œuvre à régulariser la demande en eau potable et d’irrigation, mais, il faut encore penser aux moyens d’amélioration de l’exploitation des ressources hydrauliques disponibles dans les barrages remplis actuellement à près de 27% en tant que moyenne générale des 37 barrages existant actuellement dans le pays.
Il a ajouté que la Tunisie est dotée de trois stations de dessalement de l’eau de la mer à Djerba, Gabès et Sfax qui fournissent près de 15 millions de m3 par an. Cette quantité atteindrait à l’horizon 2050 le seuil de 300 millions de m3 avec l’augmentation du nombre des stations de dessalement, selon les prévisions.
Pour les eaux usées, exploitées en Tunisie à 15% dans le secteur agricole, elles devraient atteindre 80% au cours des prochaines années.

(TAP)

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